Il y avait une fois un jeune homme, Pierre, qui menait une existence cinglée de bien des entraves, lesquelles ont fait durcir son coeur sanglant. La pauvreté dans laquelle il s'abimait depuis toujours était la cause de son malheur. À vrai dire, il a essayé, en vain de changer son destin, mais le fiasco le rendait chaque fois de plus en plus triste.Ainsi, le temps s'écoulait-il et le pauvre homme était en proie à une amertume sans issue.
Cependant, un jour, au comble du désespoir, Pierre s'est dirigé vers la chaumière de l'habitant le plus vieux du village, lequel se jouissait d'un grand respect pour les conseils qu'il avait donnés, conseils arossés d'une grande sagesse. Le dessein du jeune était évident: il voulait ardemment décéler le secret de la vie, d'une existence meilleure.
-Qu'est-ce qui vous y apporte? demanda le vieillard d'un air qui faisait trahir une sorte de stupéfaction mêlée du bonheur d' être visité après longtemps par quelqu'un.Le visage jaunatre du vieux repandait autour de lui une bonté sans bornes. C'est juste la raison pour laquelle le jeune homme se fit du courage et commença à lui raconter sa douleur jaillie de l'impossibilité de rendre sa vie meilleure.
Au début, le vieillard faisait semblant d'y être indifférent, mais néammois au fur et à mesure qu'il pénétrait dans la profonduer de l'histoire, l'intérêt s'emparait peu à peu de lui. En fin du compte, aprés avoir tout écouté, l'homme, dont le menton reposait dans le creux de la main droite, ce qui est le geste de la réflexion profonde, dit:
-Mon fils, vous savez, j'ai appris que la vie n'avait jamais été si mauvaise qu'on avait souvent l'habitude de croire.Ce que je veux dire est le fait que dans l'ame de l'homme emmerge quelquefois le désir absurde de devenir le maitre de sa vie.Cependant, on ne doit pas oublier que l' être n'est qu'un jouet aux mains de Dieu.
-Dieu?! reprit le jeune plein d'étonnement.Il n'y a pas de Dieu.Tout le monde le sait.
-L'ingrat a toujours meprisé le don le plus important qu'il a reçu et la reconnaisance qui aurait dû ruisseler dans son coeur pour son bienfaiteur a été remplacée tout d'abord par une sorte d'oubli et puis, l'oubli s'est transformé, lui-aussi, dans une indifférence cuisante, indifférence qui a creusé un abime apparemment infranchissable entre Dieu et les gens et même entre l'homme et son semblable.Vous voyez, essaya le vieillard de conclure une discussion qu'il n'état plus disponible à mener, le troupeau de moutons aura à jamais besoin d'un berger, d'un dirigeant.
Après ces dernières paroles, un silence régna pour quelques instants, pendant lesquels le jeune homme était plongé dans un transport indescriptible de stupéfaction.De fait, il n'était pas à même de pénétrer la pensée du vieillard, il ne pouvait pas arracher l'idée essentielle de tout ce que le vieux lui avait dit. Sur ces entrefaites, il se mit à lui demander des explications:
-Par malheur, je ne suis pas la personne appropriée pour faire éclarcir la verité dans votre cerveau empesté par bien des bêtises, répondit le vieux .Pourtant, lorsqu'on décélera tout seul le mystère de la vie, on recevra le droit de se baigner dans le bonheur sempiternel que tout être cherche, bonheur que seul Dieu peut donner. Maintenant, continua le vieillard conduisant Pierre à la porte, vous devez vous préparer pour un voyage que vous allez faire afin de puiser les réponses concernantes Dieu et le mystère de la vie. Mais je vous avertis que votre voyage va ressembler plutôt à un dédale trés dangereux qu'à une excursion d'agrément, car le besoin d'apprendre le sécret va être le javelot qui vous fera pousser à faire la découverte ardemment désirée.Quand même, la simple entreprise du voyage n'apporte guére la sûreté de la révélation; vous allez courir le risque soit de faire le voyage en vain, soit de vous faire décéler le mystère après beaucoup d'années. Soyez trés vaillant, mon fils, et surtout gardez votre croyance, malgré les moments difficiles que vous devriez surpasser tout au long de votre voyage.
Les derniers mots du vieux ont produit un impact assez fort sur le jeune homme, il est tombé en proie à un grand trouble mêlé d'angoisse.Quoique son coeur soit harcelé par beaucoup de doutes, le héros s'est decidé de but en blanc à partir à la recherche de Dieu et de sa,, potion’’ pour rendre sa vie plus belle. Ainsi, après seulement trois jours pendant lesquels il a fait des préparatifs pour un voyage trés long, le jeune s'est-il hasardé dans l'aventure de la révélation du secret de Dieu et de la vie.
Chemin faisant, Pierre rencontrait des régions et des gens inconnus jusqu'alors. Cependant, rien ne troublait son calme et il continuait à voyager, gardant toujours vif l'espoir de croiser Dieu un jour ou, au moins, quelques débris pour l'aider à éclarcir sa vie.
Les jours s'écoulaient subitement, les mois passaient l'un après l'autre et les années volaient comme la brise tiède du printemps. Quand même, rien d'important ne s'était passé, lorsqu'un jour, un événement assez insolite coupa le fil tranquille de son voyage vers la recherche de Dieu.Assis à l'ombre d'un tilleul de très vieux, Pierre essaya de reprendre son haleine pour repartir, en se jouissant du silence d'une région qui le faisait ensorceller avec sa beauté enivrante, quand un bruit soudain déchira d'un coup la bonne humeur du voyageur. D'abord, l'homme jetta un coup d'oeil eux environs et, ne s'apercevant de rien de soupçonneux, il reprit son repos, mais seulement pour quelques instants, car un deuxième bruit marqua au fer rouge son coeur apeuré. Il s'est dressé sur la pointe des pieds et s'est mis à investiguer le lieu. Derrière un buisson, l'homme découvrit le berceau du bruit qui l'avait mis hors de soi: un paysan battait à faire tuer son ane attelé à une carosse comblée de bois.
-Bonjour, mon bon homme! dit-il au moment même où il franchit d'un seul bond un fossé afin de rejoindre le paysan en colère.
Le villageois détourna aussitôt les yeux de l'ane au voyageur:
-Bonjour! salua-t-il d'une voix douce, comme si sa rage s'était dissipée à la simple vue du jeune.Tout en l'étudiant minutieusement, le villageois s'est rendu compte que son interlocuteur était un étranger.
-Oui, je tire mes racines d'une contrée bien éloignée, retroqua le jeune. J'en suis parti il y a trois années et de lors je n'ai plus revu mes lieux nataux où j'ai fait mes premiers pas.
-Mais pourquoi, donc? demanda fort ébloui le paysan.Est-ce que votre famille vous a chassé de votre maison, n'est-ce pas?
-Par malheur, je suis seul ou monde, car les personnes qui m'ont donné la vie sont mortes depuis que j'étais très petit.Je dois avouer en bonne foi que la mort des miens m'a jeté à jamais dans une affliction sans bornes que je n'ai plus pu bannir.
-Le malheureux! lui coupa la parole le paysan qui poussa un soupir douloureux, signe qu'il comprenait fort bien ce que la souffrance signifiait.
Pourtant, Pierre reprit son histoire, faisant semblant de ne pas avoir aperçu les nouages qui avaient couverts le front sillonné par bien des rides du villageois:
-Quoique j'aie essayé vainement de lécher mes blessures sanglantes, je n'ai pas pu arracher le goût amer de la souffrance que j'avais éprouvée.C'est pourquoi, un vieux très sage m'a encouragé à m'elancer dans ce voyage à la recherche de Dieu, d' après lui le seul qui puisse amoindrir ma vie fouettée par bien des cahots. À-propos, savez-vous où pourrais-je croiser Dieu?
-Parbleu! Si j'avais su où Dieu habitait, assurément, je me serais dépêtré de cette vie misérable qui me rend si malheurex.Pourtant, j'espère que vous allez puiser la réponse que vous cherchez avec tant de ferveur.Peut-être, nous rencontrerons-nous encore une fois et vous me le partagerez, à moi-aussi.Entre temps, je suis damné à me demancher pour faire cet ane si bête marcher.Au revoir!
-Au revoir, monsieur!
Après avoir conclu l'entretien avec le paysan rageur, Pierre reprit son chemin.Il marchait à petites enjambées, la tête baissée. Son beau visage était visiblement taraudé par un doute si grand qui empoisonnait peu à peu son ame si limpide, faisant voler tous les débris du bonheur jailli de l'espoir de trouver Dieu un jour.
Une autre année s'était écoulée sans que le jeune ne trouve même une trace qui pouvait faire rallumer l'espoir de rencontrer Dieu .D'ailleurs, l'écoulement impitoyable du temps avait assombri ses beaux traites printaniers .Il était devenu très sombre et la morosité qui s'était installée sur son visage le rendait un peu laid. Au début de la deuxième année depuis l'événement avec le paysan et son ane, le jeune homme arriva dans un village assez grand.Mais il ne s'avança pas longtemps, car une querelle très violente le fit rester sur place. Devant soi, deux gens se brouillaient fougueusement.
-Bonjour, messieurs!
- Bonjour! dit un des paysan, regardant attentivement le voyageur.
-Pourquoi vous vous disputez?
-Bah, mon voisin est un voleur, il veut me dérober ce morceau de terre que tu vois.
-Non, reprit le deuxième paysan, ce n'est pas vrai, cette terre m'appartient. Je ne vole personne en demandant ce qui de juste m'appartient, n'est -ce pas?
Le jeune jeta un coup d'oeil dédaigneux sur les deux paysans et puis il repliqua doucement:
-Par malheur, je ne sais pas lequel de vous a raison, car je suis à peine arrivé dans votre village.
-Mais qu'est-ce que vous cherchez, donc? demanda un des voisins, en feignant d'oublier pour quelques instants son malheur.
-Oh, j'ai une grande peine et je veux trouver Dieu pour le prier de m'aider.Il est le seul être qui puisse me tirer d'embarras.Peut-être, pouvez-vous me diriger vers sa contrée...?!
Les deux villageois se regardaient tout stupéfaits, puis l'un d'eux osa dire:
-Non, nous ne le savons pas, mais nous vous souhaitons succès dans votre enterprise.
-Je vous remercie bien, messieurs, et j'espère que vous éclarcirez la situation très tôt .Au revoir!
Après avoir assisté à cette querelle, Pierre reprit sa voie d'une façon plus joyeuse, car la situation du morceau de terre l'a bien amusée, bien que devant les deux gens, il se soit acharné à garder son sérieux. Il marcha presqu'une demie heure lorsqu'il arriva à la croisée de la route principale avec une autre voie. Sur ces entrefaites, il attacha les yeux sur une enfant vêtue de haillons, laquelle jouait la marelle tout seule. La vue de la fillette déchira le coeur du voyageur, une larme limpide et pure coula sur sa joue, mais aussitôt il la fit sécher.Tachant de déguiser le saisissement qui s'était emparé de lui à la vue de l'enfant qui lui faisait rappeler son enfance amère, il engagea la conversation avec elle:
- Bonjour, ma petite!
La voix de l'inconnu la fit tresaillir et elle a failli fuir, mais la douceur que repandait autour de lui l'être qui se dressait devant elle la fit rester sur place.
-Ne crains pas, reprit l'homme, je ne veux te faire rien de mal.C'est que tu m'as fait transporter dans mon passé, lorsque j' étais très petit et je jouais comme tu le fais maintenant.Tu ne m'as fait rappeler pas seulement mon enfance sillonnée de tristesse, mais aussi mes contrées qui m'enivraient autrefois avec leur beauté, lesquelles je n'ai plus revues depuis longtemps, car je suis damné à entreprendre un voyage très long que je dois achever seulement dans le moment ou je viendrai à bout à ma tache.
-De quelle tache parlez-vous? demanda la fillette avec beaucoup d'intérêt.
- C'est que je suis à la recherche de Dieu depuis plus de quatre années.
- À la recherche de Dieu?! s'écria l'enfant fort troublée.
-Oui, je suis dans un grand embarras et Il est le seul qui puisse m'en soustraire.Je suis à même de me plonger à Ses pieds, de Le conjurer d'amoindrir mon affliction.
Malgré les explications données, l'enfant ne pouvait pas détourner les yeux de Pierre. Son visage était tourmenté par quelque chose d'étrange. Finalement, elle se fit du courage et osa lui poser la question qui la harcelait bien:
-Mais pourquoi vous donnez-vous de la peine en cherchant Dieu lorsqu'Il est ici?
- Est-ce que tu te moques de moi ou tu parles sérieusement? se hata de demander l'homme, les yeux agrandis.Il est vraiement ici?
-Oui, sourit la fillete.Il est ici, Il est là-bas (et elle fit signe pour montrer les éléments du plan éloigné).Bref, Il est partout.
Après avoir entendu ces paroles qu'il avait attendues à hors d'haleine, le jeune homme fut bien deçu, car il avait songé que la fille plaisantait.Cependant, l'enfant s'en rendit compte d'après l'obscurcissement de son visage et continua aussitôt la suite d'explications:
-Vous voyez, chaque fois quand j'ai un problème ou un grand chagrin me tourmente, je laisse mon sort aux mains de Dieu, l'être toutpuissant et omniprésent. Ainsi, n'ai je qu' à le prier fougusement de m'aider et tôt ou tard Il m'aidera, Il m'a toujours aidée et je suis sûre qu'Il le fera à jamais, car Il m'aime d'un amour dont l'intensité est presque surnaturelle.Bref, ce que je veux dire est que si vous avez besoin de Lui, vous ne devez que demander Son appui et soyez sûr qu'Il vous aidera.N'oubliez pas qu'Il est omniprésent!
Après avoir dit adieu à l'enfant, le jeune homme rebroussa chemin, car il avait exaucé son dessein. Maintenant, il désirait ardemment se rendre chez soi parce qu'il avait beaucoup de choses à faire. À vrai dire, il avait honte de la bêtise dans laquelle il s'était baigné jusqu'alors, mais pourtant les rides crudes qui s'étaient installées sur son visage s'étaient estompées tout d'un coup, signe d'un soulagement de notre héros. Chemin faisant de retour, le jeune décéla à tout le monde qu'il avait rencontré le mystére qu'il venait lui-aussi d'apprendre d'une filette d'une dizaine d'années. Tout d'abord, les gens auxquels il avait confié la révélation de l'existence de Dieu le regardaient avec stupéfaction, voire avec indifférence.Puis, après avoir réfléchi mieux, ils ont consenti que Dieu était peut-être la seule personne qui pour régner n'avait besoin ni même d'exister ou de se montrer à son troupeau de moutons.
“Proză de Alexandru Andreea”