L'abime insondable de la vie

Proză de Alexandru Andreea, 13 aug 2010

L'abime insondable de la vie

L’abime insondable de la vie

Au soleil couchant, j’ai reçu finalement la sentence dont ma vie dépendait tout à fait.Le juge, portant les lunettes qu’il n’a pas quittés tout au long du procès, prononça d’un air rocailleux ( qui nèammois ne povait pas céler la paleur maladive de son visage):
- Monsieur Georges Dupont, on vous trouve coupable d’avoir fait tuer votre épouse et on va vous infliger le chatiment à mort.
La voix tranquille avec laquelle on m’a adressé ces mots faisait assûrement preuve de la sécheresse du cœur du juge, laquelle, à vrai dire, m’a fait peur. Trop affairé pour percer le cerveau de cet homme sans entrailles, je n’ai pas entendu la sentence que je devrais subir, de façon que, de but en blanc, j’ai quitté à jamais le visage flégmatique même méprisabile du juge et j’ai tourné les yeux vers mon avocat qui me jetait des regards pleins de pitié.Sur ces entrefaites, j’ai tout compris….Mais néammois, je n’éprouvais le besoin de déclencher l’apitoyablement de personne, d’autant plus de cet homme qui vivait parmi eux, eux représentant toute la cohue de gens manquant d’humanité, mieux dire,, la justice’’. Peu de temps après, deux gardiens m’ont saisi et je me suis échappé ainsi de l’attitude apitoyable de mon avocat, laquelle m’irritait et de la foule de nigauds qui s’amoncelait peu à peu autour de moi, tout en me toisant des pieds à la tête avec une impertinence sans bornes .
Je dois avouer en bonne foi que les événements de ce jour-là m’ont bien ennuyé, voire une sorte de lassitude s’était emparée de moi. Peut-être, c’est pourquoi la sentence cruelle que j’avais reçue ne m’a-t-elle pas effarouché au moins au début, car les jours qui allaient s’écouler ont mis en exergue toute sorte de pensées mauvaises dont j’étais l’otage. Mais revenons au jour de la sentence…..
Rentré à mon cachot, le geôlier qui avait une mine assez belle, bien qu’elle soit grêlée d’une impitoyable petite verole qui avait arraché un peu de son charme irréfutable, se fit du courage et osa me dire:
-Si vous avez besoin de quelque chose, on ne doit que me demander et vous allez l’acquérir sur-le-champ.
Je l’ai remercié mécaniquement, en lui serrant le poignet. Espèce de minable ! me suis-je écrié après être resté tout seul.
Les derniers jours, il m’avait dépouillé de tout l’argent que je possédais pour me procurer quelques cigarettes et, comme on voyait, cela ne lui avait pas suffi. Quand même, mon irritation ne jaillissait pas du fait d’avoir perdu l’argent reçu de ma mère, croyant que, de cette manière, elle allait se soustraire à jamais à mon embarras, mais j’étais faché pour de bon de me rendre compte encore une fois de la bassesse de l’être humain, lequel, pour quelques sous maudits, est à même de tout faire, de voler ses parents, même de les faire tuer. Cette idée avait (j’ignore comment) pénétré sans trop d’emblée dans ma cervelle et elle ne me quitta qu’au moment où je me suis endormi d’un sommeil doux et tranquille.
Le lendemain, je me suis levé fort indisposé, de bonne heure, à cause d’une querelle d’entre deux geôliers. De fait, ces brouilles étaient quelque chose d’habituel, mais cette fois-ci, je n’en avais pas envie. De plus, la tête me faisait mal et j’ai demandé à l’ un des geôliers de m’apporter une aspirine, mais en échange je n’ai reçu que quelques jurons impossibles à rendre.
Après avoir pris un dejeuner assez pauvre, je me suis mis sans le savoir à arpenter le cachot. J’étais troublé par quelque chose, j’y songeais, mais à quoi donc ? D’habitude, l’homme pense à sa vie et surtout à son avenir, mais moi, à quoi pouvais-je penser ?! Je ne me le rappelle pas très bien, mais assurément j’étais conscient que je n’avais plus d’avenir. Je ne me suis promené de long en larg qu’une vingtaine de minutes parce que quelques feuilles blanches ont piqué ma curiosité et je me suis aussitôt arrêté pour les saisir goulûment. De lors, j’ai commencé à écrire, à raconter succintement les derniers instants de ma vie. Au demeurant, je n’avais aucun dessein, je ne voulais que faire le temps passer le plus vite que possible. Pourquoi ?Je ne le savais pas à ce moment-là mais, maintenant je me rends compte du fait que je devinais le petit désespoir dans lequel j’avais plongé et dont j’avais peur, désespoir qui allait engendrer la tempête.
Au moment où le geôlier est venu m’apporter le repas, je jonchais sur terre, les yeux fermés. Le pauvre ignoble ! Tout d’abord, il a cru que je m’étais fait expier mais il s’est apaisé sur-le-champ, lorsqu’il a vu que je respirais encore. Ce soir-là, je l’ai fiché dehors puisque je n’avais pas envie d’enfiler deux mots avec lui, quoi que jusqu’alors je me sois entrainé dans des entretiens sans fin.Je n’ai ni même touché la nourriture dont l’arôme exquis m’ensorcellait. Je me suis dressé et je me suis emparé du tas de feuilles qui jonchait sur mon lit.
Au bout de quelques minutes pendant lesquels je feuilletais rageusement les papiers, une photo tomba par terre. De fait, c’ était une petite icône avec Dieu martyrisé sur la croix. Je l’ai longtemps regardée jusqu'à ce que j’aie fermé la paupière. Pourtant, mon sommeil n’a plus été si tranquille et si reposant comme celui de la nuit précédente car, une fois endormi, je me suis abimé dans une sorte de rêve, ou plutôt c’était un passage dans mon passé. Moi, Georges Dupont le grand, épiais à la fenêtre de juste ma chaumière d’enfance:

-Non, non, je ne veux plus y aller ! s’écria un gamin vêtu de haillons, d’un air sûr, qui presque frisait l’insolence.
-Tu ne veux pas comprendre, hein ?!retroqua sa mère fachée pour de bon. Je ne te fais aucune invitation d’aller à l’église. Tu dois y aller et tu le fera comme tout autre chrétien.
-Pourquoi, donc ?Parce que tu le veux ?!demanda l’enfant.
-Non, c’est parce que tu dois te comporter comme il faut, Georges Dupont !Tu dois remercier Dieu pour toutes les choses qu’Il t’a données jusqu’à présent.
-Quoi ?!Non, c’est une bêtise, je ne L’aime pas puisqu’Il a laissé ma chienne mourir !Il l’a fait tuer !Il est un meurtrier !
-Tu n’es qu’un enfant ingrat et sot, pire que ton père !
-Ne parle plus de mon père !s’écria le petit Georges, les larmes aux yeux, partant en courant dans sa pièce.


Je me rappelais très bien cette scène que j’ai essayée en vain de faire bannir plus tard, mais qui cependant c’était ancrée dans ma cervelle. C’était pour la première fois quand j’avouais ma repulsion et même ma haine envers Dieu et, dès lors, j’ai montré carrèment à tous l’aversion que le sujet de Dieu me faisait ressentir.C’est pourquoi, j’étais vu par la plupart des gens comme, un être qu’on doit éviter pour ne pas avoir de problèmes. Tout en essayant moi-aussi de les éviter, je suis resté tout seul et la solitude dans laquelle j’ai plongé depuis mon enfance me semblait la plus belle chose qu’il y ait dans ce monde vilain .Peu à peu, je me suis mis à hair tout être qui essayait de tourmenter ma solitude. Ainsi, suis-je resté abandonné par tous, même par ma mère...



Voilà, deux jours se sont écoulés sans que je n’écrive au moins une ligue.Aujourd ’hui, je suis enfin en bonne humeur ( tant qu’un homme condamné à mort peut l’être ) et je me suis décidé de continuer à écrire mon testament si on peut l’appeler comme ça, bien que je n’aie rien à laisser comme héritage . .. Et surtout, même si j’étais en possesion d'une monnaie rouillie, je n'aurais à qui la léguer, car je n'ai plus personne...
Á vrai dire, chaque jour qui passe est comme un poignet empoisonné qui s'enfonce impitoyablement dans mon coeur.Je ne sais si c'est un état d'esprit habituel ressenti par tout condamné à mort ou, peut-être, ce n'est que moi qui l'épouve, mais j'ose incliner pour la première variante au grand risque d'avoir tort.
Ces derniers jours m'ont fait bien réfléchir autour de l'abstract et de tout ce que ce mot implique.En effet, la vie n'est qu'une agonie assez courte, que cependant, nous nous entêtons d'allonger jusqu'au moment final, lorsqu'on se rend compte que tous les efforts n'ont servi à rien, car finalement le chemin de tout être ne conduit que vers la mort.En ce qui me concerne, je ne suis jamais tombé en proie à ce dessein qui me semblait naguère si absurde.Á la difference de la plupart des gens, je n'ai jamais craint l'idée de la mort ; elle m'a semblé toujours la plus douce liberation qu'on puisse trouver.Mais, à présent, quand je suis si prés du trépas, chose curieuse, je ne ressens plus la même félicité.Pourquoi donc?Pourquoi garde-je l'espoir de ne pas être englouti demain ou peut- être le ledemain par le mort?
Hier, je me suis levé à deux heures du matin et dès lors je n'ai plus pu fermer les yeux, malgré les efforts que je faisai.Á vrai dire, les bruits incessants que j'entendais dehors me faisaient frémir.Je me figurais toute sorte de choses, voire je m'apprêtais à être saisi d'un moment à autre par les geôliers et conduit sur le dernier chemin que je devais faire, celui de l'echafaud, un lieu sanglant, dans lequel bien des gens ont pénétré avant moi dans le monde d'Hades, le dieu des morts.Oh, comme je souffrais en ressentant si prés le trépas auquel je devais tomber en proie un de ces jours.J'avoue en bonne foi que j'étais près d'aboutir au comble de la folie lorsque j'ai commencé à prier ardemment, les larmes tièdes baignant mes joues.C' était la première fois après une trentaine d'années quand je priais Dieu d'adoucir ma souffrance et même de me faire dérober à la mort.Comme certains dévots qui pensent à tromper Dieu, en arrachant un pardon après avoir péché, je m'humiliais, frappent follement ma poitrine, trouvant des mots de repentir, sans avoir au fond du coeur autre chose que de la crainte et de la lacheté."Se repentir" était un verb encore inconnu por moi auparavent, car je n'en ai jamais eu.Mais pourquoi ce repentir si subite?C'est vrai, j'avais de quoi me repentir puisque j'ai fait tuer ma femme dans un instant de jalousie fougueuse mêlée d'une folie absolue.Pourtant, je n'avais ressenti ni même les moindres débris d'un repentir jusqu'alors, au contraire, j 'étais content, même fier de mon acte. Non, non, je ne fais pas défaut de coeur, ou au moins je n'en faisait pas jusqu' au moment terrible où je l'ai surprise aux bras de mon meilleur ami.Je préfère parler au passé parce qu’ à présent je n'ai plus vraiment de coeur, elle me l'a brisé en mille morceux.Ce n'était pas que j'aie été un monstru, mais c'est ma femme qui a fait dévoiler l'orage qui se cachait en moi.D'ailleurs, étant donné le fait que l'être humain s'est façonné autour de l'embryon des animaux, je suis convaincu que nous gardons encore une partie animalique en nous, ou au moins quelques débris nous sont restés encore bien caché.Néanmois, bien que nous tachions tout au long de notre vie de les faire étouffer, de les bannir une fois pour toujours, les traits animaliques ne s'effacent ni même par la plus forte éducation.Á mon avis, la seule différence entre l'homme et la bête consiste dans l'éducation que le premier reçoit, éducation qui fait l'homme monter une l'échelle de la civilisation plus haute.Mais par malheur, il y a des circonstances lorsque les gens ne peuvent pas maitriser la bête de leur intérieur et ils finissent par s'aviler, par tomber au rang des animaux.Á titre d'exemple, les violes, les incests et, pourquoi pas, les crimes...Peut-être, il vous semble amusant de parler des ccrimes, moi, un meurtrier.Oui, c'est vrai, je mérite le mépris de tous, car je n'ai pu non plus maitriser ma fogue.Au fond, je ressemble à mille autres gens, aux tribus sauvages de l'Afrique qui n'ont rien d'humain en elles.Oh, comme cette ressemblance m'irrite! Tout au long de ma vie, je me suis donné de la peine en me conduisant d'une façon propre, personelle, tout pour effacer la moindre ornière de resemblance entre moi et les autres....Pourtant, je suis homme et je ressemble à vous, les hommes...



Je ne sais plus combien des jours se sont écoulés sans que je n'écrive.Ici, dans la prison, on n'a pas besoin de certaines choeses, comme la notion de temps, par example.Quant à moi, j'ai vecu des heures affreuses, les plus terribles de ma vie!Des spectres effrayants m'ont poursuivi tout au long de ces jours, en suceant mes dernières forces.C'est pourquoi, à présent, je me sens las, las de ce monde, las de moi...La veille, j'ai été informé que j'allais être guillotiné demain à l'aube.Bien que la voix du geôlier qui m'adressa la parole ait été assez pitoyable, j'ai été à même de pénétrer dans leur profondeur afin d'entrevoir leur sécheresse.Quand même, je suis resté cloué sur place, sans rien dire.Je crois que j'étais même heureux de me dérober une fois pour toujours à toute chose humaine, à ces transports affreux de l'agonie qui, souvent, sont pires que le palais de la mort.D'ailleurs, le trépas ne peut pas être quelque chose d'abominable, il est une loi de la nature, c'est la fin de la vie du méchant et le commencement de celle du juste ...Oui, je suis sûr qu'il est beau de mourir, il doit être...
Pourtant, j'avoue carrément mon hate de finir cet epistole avant qu'il ne soit trop tard.Pour toi qui lis ces lignes ce sera demain, le lendemain, le surlendemain et ainsi de suite.Mais pour moi...Demain, je ferai mon entrée triomphante dans la contrée des morts.C'est juste cette crainte que j'essaie vainement d'étouffer pour garder la raison de mon espoit.De fait, je me prépare pour les dernières heures qui, à coup sûr, seront les pires de toute ma vie.Ainsi, muni d'une croyance presque surnaturelle qui c'est bien verouilliée dans mon ame, je te laisse te réjouir de cette vie maudite!Mais ne sois pas triste, l'humanité ne va rien perdre avec mon trépas, le trépas d'un homme comme mille autres qu'on peut trouver sans trop d'emblée errer les rues!Pleure plutôt ton sort plein d'amertume que la tombe d'un pecheur qui a commis le péché le plus grave, celui d'avoir manqué son devoir envers Dieu...

Proză de Alexandru Andreea

Alexandru Andreea

Născut la: 18 dec 1990

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